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La vallée de l’Euphrate… en Turquie

2010 novembre 18
valley euphrate - nemrod heads

Les grosses têtes. Ah ah.

Le fleuve millénaire se jouant des frontières, je le retrouve donc en Turquie. Deux sites en particulier retiennent l’attention dans ce secteur, Urfa, la Ville des Prophètes, et les statues du Mont Nemrod.

J’ai dit Urfa ? J’aurais dû dire Şanliurfa, soit Urfa la Glorieuse. La ville s’est récupérée ce préfixe après quelques années à jalouser sa voisine d’Antep, devenue elle Ganziantep (“L’Héroïque”) lorsque 15 éclopés armés de fourches tinrent le siège de l’armée française en 1917, ce qui passa pour un exploit -personne n’avait dû les prévenir qu’au 20ème siècle la Grande Muette aurait sans doute perdu une guerre contre Andorre, une chance qu’ils n’aient pas attaqué !-.

Bref, au regard de son histoire, la cité méritait son nouveau patronyme, et puis on peut dire que c’est une habitude que d’en changer. Elle fut capitale latine sous celui d’Edesse au temps des Croisés, capitale araméenne sous celui d’Orhai au temps des romains, sans compter ses noms arménien, kurde, parthe ou nabatéen. Mais en général on l’appelle juste la Ville des Prophètes, car d’après la Bible (et consorts), elle en a vu, du beau monde. Adam et Eve, de passage, Noé reconstruisant ses premiers bleds, Abraham y naît, y grandit dans une cave, fracasse de l’idole à tire-larigot, tombe dans des lits de roses, transforme son bûcher en carpes et le roi Nemrod en carpette, avant que son lointain descendant Job n’y revienne pour s’enfermer dans une autre cave quelques hivers (une mode), et au sortir récupérer santé, femmes, enfants, moutons et richesse : jackpot. Autant les fables messianiques ont pour habitude d’être capillo-tractées, autant à Urfa on atteint des sommets.

valley euphrate - urfa

Şanliurfa, un cadre calme et rafraîchissant…

Une réputation comme celle-là vous attire du pèlerin à  ne plus savoir qu’en faire. La ville est donc gâtée en jolies mosquées, en bassins sacrés, en jardins fleuris… et en caves bénies bien sûr. Conjugué à sa taille relativement humaine, et à ses prix plus modestes du fait de la proximité syrienne, cela lui confère un statut d’étape agréable et reposante. En plein cœur, un vaste parc public prodigue un peu de verdure ; il est surmonté d’une imposante forteresse, qui, depuis ses créneaux, offre un vaste panorama sur la cité et ses environs.

Escapade au sud pour la ville d’Harran. Elle aussi a eu son comptant d’Histoire mais plus grand chose n’en témoigne aujourd’hui, si ce n’est les ruines de la plus vieille mosquée d’Anatolie et un château à demi effondré. Le point le plus intéressant reste l’habitat traditionnel local : des maisons en brique et terre séchée rafraichissantes. Mais des guides collants et des enfants véritablement dressés à vous réclamer des ronds assombrissent le tableau. Ici, les chouettes rencontres seront un néo-zélandais (vous avez déjà été confronté à l’accent kiwi ? c’est quelque chose…) et un patineur artistique professionnel américain, improbable duo sous ces latitudes…

valley euphrate - panorama nemrod

Vue des coteaux du Mont Nemrod. C’est c## (pour vous) que j’ai pas de profondeur de champ sur la caméra :).

Cap au nord. la ville de Kahta possède tout le charme des villes dortoirs avec option “attrape-touriste”. C’est que d’ici on est ‘au pied’ -50 bornes tout de même- du Mont Nemrod. Rallier l’endroit en stop tient du parcours du combattant hors-saison mais c’est une peine bien récompensée par ses vues imprenables sur un paysage de montagnes s’élevant sur le Lac de barrage d’Atatürk, dont les eaux paisibles reflètent les rayons du soleil.

valley euphrate - statues nemrod

Sur la terrasse Est, les idoles étêtées font tourner les têtes : 9m de haut à 2150m d’altitude, en 62 avant notre ère…

A l’orée du sommet veillent les immense statues divines. Le roi Antiochus de Commagène leur fit construire ce sanctuaire, son mausolée, qu’il voulait éternel, au point le plus proche du firmament. Si ce panthéon polythéiste est aujourd’hui l’une des symboliques les plus récurrentes de la carte postale touristique turque, le site est plutôt éloigné des sentiers battus par la clientèle des agences de voyage…

Vous laissant en la seule compagnie des vents joueurs  jouir des beautés naturelles époustouflantes qui ceignent cette Olympe orientale, et qu’admirent depuis des siècles de leurs regards impavides les têtes décapitées des Dieux de ce temple destitué…

3 Responses leave one →
  1. mars 8, 2013

    Superbe pays d’une richesse et d’une variété à couper le souffle. J’espère y retourner prochainement.

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