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La Maison Dorée de Samarkand*

2011 avril 25
Prison Iran - Ambassade USA

Je me répète mais trouver des illustrations, c’est pas évident…

 


Résumé de l’épisode précédent :

Au gré d’une ballade dans les rues de Téhéran, la police iranienne fouille mon ordinateur, puis me flanque en prison. Il semblerait que mon excursion incognito en Israël ne soit pas des plus appréciée. M’y accompagne Luuk, infortuné compagnon de voyage, qui lui n’a pas eu la chance de visiter le Pays où Coulent le Lait et le Miel…


Un grand “BANG” métallique me réveille. C’est la trappe de la cellule de Luuk qui se referme. La mienne qui s’ouvre à la volée, pour laisser le passage à un sac plastique qui contient deux disques de pain enrobant un petit bout de “fromage”.

Le premier réveil en prison n’est pas des plus confortables. J’ai bricolé un lit et un oreiller avec mes trois couvertures, à même le sol. Il me faut quelques secondes pour me rappeler où je suis. Fort heureusement, la veille, l’épuisement m’avait permis de trouver le sommeil sans trop tergiverser. Et clairement, tergiverser, c’est pas ce qui peut m’arriver de mieux dans ma situation. Point rapide. Tout d’abord, en bon citoyen européen qui se respecte, on devrait pas me laisser croupir là ad vitam. Mais ça pourrait durer un brin. Bon. Primo, j’en saurais peut-être plus aux interrogatoires suivants. Secundo, si je veux sortir vite, il faudrait que l’extérieur soit prévenu. Je sais qu’à un moment où à un autre, mes vieux vont tiquer de ne plus me voir dispenser mes habituelles fanfaronnades sur le web. Lorsque ma petite frangine leur avait fait le coup d’aller cueillir des champignons dans un coin éloigné de toutes formes de télécommunication en Colombie, il leur avait pas fallût longtemps pour aviser de sa disparition aux services compétents, et ce malgré mes molles protestations du genre ”Mais non elle va très bien vous allez voir…”. J’avais eu raison mais mieux valait espérer que cette dernière [Ndr: ma frangine] balise un peu plus que moi sur ce coup là.

Mais allons, peut-être? que les iraniens me laisseront prévenir l’ambassade, allez savoir. Et peut-être même !, puis-je donner un coup de pouce. Ni une ni deux, je décide de me mettre en grève de la faim, là, tout de suite. Toute façon j’ai pas super faim, et vu le temps que ça va me prendre pour ressembler à un clou et faire paniquer qui que ce soit, vaut mieux m’y mettre tôt.

C’est à peine si j’entends que l’on sort Luuk de sa turne, perdu dans mes pensées où se projettent la future couverture de ma biographie : mon portrait auréolé d’une lumière blanche côtoyant ceux de Gandhi et Mandela. Cinq minutes plus tard c’est mon tour.

 

Mana Neyestani interrogatoire

©Mana Neyestani, confère pied de page

Deux coups secs sur la porte, je me redresse. Ce n’est pas le même gardien que la veille, mais tout sourire, le petit bonhomme joufflu à moustache me tend le bandeau pour les yeux. Merde. On franchit le couloir, on prend à droite, pour se retrouver à l’extérieur. L’air frais qui pique, quelques marches qui descendent, une nouvelle porte qui grince… Le gardien me laisse là. Un autre type se pointe. Vu la façon dont il m’emporte, en me soulevant par un bras sans grand ménagement, je comprends que j’ai affaire à un poids lourd. Il me tire dans un autre bâtiment. Me pousse dans une pièce, j’entends la chaise qui racle le sol, la porte qui se ferme. Take a seat please. Je galère un peu. You can take of your scarf.


Bon c’est pas grand chez vous hein. Je suis assis à un bureau, le dossier de la chaise touche le mur du fond, ma bedaine est pressée contre le rebord de la table. J’ai bien fait de décider de me mettre au régime. Le peu d’espace restant permet à grand peine à la porte de s’ouvrir. Devant le bureau, une large vitre sans-teint, soulignée d’une petite fente. Deux stylos et un verre d’eau. L’interrogatoire commence. Deux flics : Costaud, qui m’a emmené, est flanqué de Grognon, qui me pose des questions à l’oral dans un anglais plutôt correct. Toutes mes aventures en Iran, pour commencer. Les gens que j’ai rencontré. Parfois, on me demande de rédiger les réponses. J’avais deux ou trois numéros de téléphone dans les poches, à l’interpellation, et quelques mails d’iraniens, ils me demandent qui ils sont, leurs adresses, comment je les ai connu, où, pourquoi. Comme je me souviens pas de tout le monde, ça bloque un peu. Puis mon voyage en lui-même. Israël. Comment suis-je entré avec un tampon israélien ?, je n’en avais pas. Pourquoi ?, j’ai demandé à être tamponné sur free-paper. Parce que je voulais venir ici, ainsi qu’au Liban, en Syrie…

On me félicite sur ma franchise. Je réponds que je n’ai pas trop le choix.

Je demande rapidement à parler à mon ambassade, ils me disent que ce sera le cas à la fin de l’interrogatoire, si je coopère. A la fin de l’interrogatoire, on me répondra que l’enquête doit avancer. Je les informe en deux/deux que je ne mange pas, sans détailler le concept de grève de la faim.

Le temps passe assez vite. On me renvoie. Grognon qui avait le rôle du “bon flic” me dit que je serais libre d’ici peu, que je pourrais reprendre mon voyage. Tu parles. Torture mentale, je te vois venir. On me tire le portrait, relève les empreintes digitales des dix doigts, les deux paumes, le gros orteil limite ? Yeux bandés, of course. Aveugle, je peux marcher 10 minutes dans une cour où se traînent les feuilles mortes au gré d’un vent morne. Je passe l’après-midi à réfléchir aux deux ou trois noms iraniens qui ne me disaient rien, à essayer de dormir. Je fais quelques pompes, à grand peine. On revient me quérir, retour au miroir sans teint. Ce coup-ci, Costaud reste à mes côtés, relève très légèrement le bandeau, me maintient le nez sur la feuille histoire que je ne le dévisage pas. Toute façon sans mes lunettes j’aurais pas pu voir grand chose. Je déchiffre. List your email / facebook adresses and passwords. Ah. Je m’insurge mollement, chez nous en France, la police elle fait pas ça comprenez. Le géant tape deux fois sur la table, fort, pour m’encourager à coopérer. Je chouine encore deux secondes histoire de réfléchir à toutes les conneries compromettantes que j’ai pu foutre sur Facebook. Mes emails, ils les ont déjà, mon Outlook n’est pas protégé d’un mot de passe, pas plus que l’ordi s’il s’éteignait. Grognon fait passer à travers la fente la réponse dûment complétée de Luuk à la même requête. Costaud ronchonne. Il n’y a rien d’affreux sur Facebook, à peine plus sur Twitter mais on ne me le demande pas. Toute façon il est public, le Twitter. J’obtempère en livrant mes deux principales adresses mails, et mes identifiants Facebook.

 


Je ne touche pas au dîner et j’exécute péniblement trois abdos pour me donner bonne conscience. En sirotant mon thé, je pense à mes vieux. Eux vont prendre cher, c’est sûr. C’est ce qui me mets le plus mal dans ma situation, parce que franchement, pour le reste, on peut pas dire que je sois à plaindre. C’est pas Byzance, mais c’est pas Midnight Express non plus ; film que je n’ai pas vu, mais dont tout le monde m’a rabâché les scènes cultes à l’énoncé de mes destinations et de ma fin, anticipée, dans les geôles d’un obscur pays de barbus. Bon bah j’y suis. Et y a pas de quoi pleurer. De toute façon, vu la tournure que ça prend, mon manque d’information, la méconnaissance totale de ce qu’il se passe à l’extérieur, et le temps que ça risque de prendre pour prévenir la cavalerie, je me donne une quinzaine de jours avant de penser à quoi que ce soit de négatif. Avant de penser tout court.


Free Doudou

Alors qu’en France, des potes préparent ma campagne de soutien…

 


Lundi 3 janvier, au réveil, je fais connaissance avec l’instrument de torture number one de l’administration carcérale iranienne. J’ai nommé… la confiture de carotte. Je me félicite de ma posture de gréviste de la faim en découvrant ce petit pot anodin au petit-déjeuner. J’en suis encore à me creuser sur l’identité et les motivations du premier qui a eu l’idée saugrenue d’ébouillanter cet innocent légume lorsqu’on vient extraire Luuk de sa cellule. Comme le geôlier mets plus de temps qu’à l’habitude pour venir me chercher, je m’inquiète de ce que l’on soit séparé. L’un dans l’autre, Luuk est là par ma faute, force m’est donné d’admettre que je m’en sens coupable. Une chouette hypothèse serait qu’il soit libéré. Sans compter qu’à l’extérieur on saurait où je suis. Mais il pourrait aussi être transféré, ce qui me meurtrit, car même si à date on a pas beaucoup la possibilité d’échanger, sa présence est plutôt rassurante…  Ni l’une ni l’autre en vérité, on m’emmène bientôt le rejoindre dans une sorte de gros Trafic, après une bonne trotte dans les ténèbres, menotté. L’engin démarre, et on nous demande de baisser la tête. Mais même ainsi, je sens quelques rayons de soleil sur mon visage. Rien d’épanouissant, mais pendant la grosse demi-heure de conduite, et de gamberge sur notre destination, je note que l’on doit se déplacer vers le Sud/Sud-Est. Maintenant je sais où est ma prison.

Notre destination c’est Téhéran, il n’y a qu’à entendre les klaxons et le bordel ambiant. On fait descendre Luuk, alors je m’assoupis sur la banquette. Quand on m’extirpe du véhicule, on me retire mon bandeau, avant de me mener dans le bâtiment. C’est un Palais de Justice, pas besoin de trop y traîner pour savoir instantanément à quoi ça ressemble. Je parle bien fort et en anglais à mes deux gardes du corps, et sachant pertinemment qu’ils n’y comprennent rien, je demande à ce que l’on prévienne l’ambassade de France de la présence de l’un de ses ressortissants en taule. Si seulement un badaud de bonne volonté parle anglais… On m’intime de la fermer.

Je suis introduit dans le bureau d’un petit juge avec un petit bouc. La quarantaine, peut-être moins. Un physique sec, nerveux, de petit chef. On me dit que je n’ai pas le droit de me retourner, et un traducteur, ainsi qu’un représentant de la police, prennent place dans mon dos. Et à nouveau les questions. Certaines sont des redîtes, mais quelques nouvelles viennent poindre le bout de leur nez. Parmi celles-ci, “Avec quelles Agences de Renseignement étrangères êtes vous en relation ?” m’arrache un sourire, mais elle ne fait pas marrer le juge. A nouveau, on me reproche d’être entré illégalement sur le territoire iranien, je démens. Je paraphe des réponses les plus longues et détaillées possibles, émaillées de demandes d’ambassade, pour de rire. Je serre les lignes, les mots, qu’on n’y ajoute rien post-témoignage. Là j’ai compris qu’on m’accuse d’espionnage, et que l’ambassade, j’y aurais pas le droit. Dans les dernières questions du lot surgit la redoutable “Vous opposez-vous à ce que l’on vous mette en détention pendant deux mois ?”. Alors là plus personne rigole. A l’oral j’explique que ça m’embête bien un peu quand même. V’voyez, quoi. Le traducteur me rassure : “T’inquiètes pas, c’est marqué deux mois, mais ce sera peut-être moins”. Bah oui mais bon. Puisque je suis pas de la DGSE ? Ah ? Ah non, on m’accuse d’être un agent du Mossad.


L’entrevue terminée, nous sommes ramenés à la prison. J’ai encore matière à réfléchir, malgré ma ferme résolution de n’en rien faire. Rien de bien rassurant. En tous les cas je peux arrêter ma grève de la faim, je pense que les espions ont en ce cas les mêmes droits à la protestation qu’une oie gavée pour Noël, à la différence prêt que ces saloper### de volailles l’ont bien mérité. Je reprendrai devant les flics pour montrer ma bonne volonté. Il faut jouer à fond le jeu de l’enquête pour qu’ils me blanchissent, ce qui devrait pas être trop dur, vu l’accusation portée. Quoi que même si mon innocence est établie, je peux pas m’empêcher de penser que je pourrais être transformé en otage politique – et je pense à l’Aveu, de Costa Gavras, on pourrait me faire dire ce que l’on veut -. Ou que la police, trop contente de mettre la main sur un “espion”, n’aura aucune velléité de traiter l’affaire sérieusement pour pouvoir faire mousser un peu leurs bons résultats. Ou multitude de choses. Ne PAS penser. C’est mieux. Et non pas pendant les deux prochaines semaines. Mais les deux prochains mois.

La trappe du haut s’ouvre, c’est une question, et un stylo. Où est mon passeport ? J’ai déjà répondu trois fois à la question, à mon hôtel, dont j’ignore le nom, comme toujours. C’était en fait la Mosaferkhaneh Amol Mazandaran, facile pourtant non ? Je leur indique le chemin. L’excellente nouvelle, c’est qu’au moins quelqu’un, un hôtelier, va savoir où je suis. Bouffée d’espoir. Je demande à garder le stylo, refus. J’insiste. La porte s’ouvre violemment. Je rends le stylo.

Mais j’ai le droit à des nouvelles affaires : le passage chez le juge nous a intronisé “prisonniers à part entière”. Une brosse à dent, et du dentifrice, que je n’ai pas le droit de conserver en cellule. Un savon. On m’amène aux douches pour me remettre un polo et un short en coton, en sus du pyjama… Et j’ai le droit de me laver. Joie. Contrairement à la plupart des hôtels cheap fréquentés ces derniers mois, les lieux sont très propres, et l’eau est chaude. J’y reste longtemps. Trente minutes d’évasion…


Cette nuit là, les gardiens de prison ne couperont pas le chauffage. Les immenses bouches d’aération crachent à balle pendant des heures. A titre de comparaison, vous pouvez toujours essayer de vous endormir dans un réacteur d’avion.

Il ne fait aucun doute que l’interrogatoire va reprendre. Le 4 janvier, pourtant, on me laisse pourrir en cellule. C’est ma première journée de prisonnier lambda, ponctuée de mes trois repas, deux thés, deux ballades, je reviendrai sur ce quotidien. En manque de sommeil, j’essaie de rester éveillé, dans l’attente de l’interrogatoire. Mes pensées sont confuses. Je dors finalement par petites tranches, tout en continuant de bouder les barquettes de bouffe. Je rêve à des troupeaux de carottes qui s’épanouissent librement dans la nature. J’ai renoncé à la grève, et j’ai la dalle. Mes geôliers insistent un peu. Tant mieux, l’impression n’en sera que meilleure si je reprends devant les flics. N’empêche, je suis furieusement déboussolé, et fatigué. Je me rends compte que je perds déjà le compte des jours. J’ai du mal à “ne pas penser” (ma doctrine), à cause de ces longues plages horaires inoccupées. Personne pour me dire si les flics vont me convoquer ou non, les gardiens ne parlent pas anglais. Cette nuit là encore, je dors mal.


n0c0mment - (d0n't) f0ll0w me

Petite illustration gentiment réalisée par Maria, du blog n0c0mment :)

 

Le matin du 5 janvier, je me lève avec la drôle de pensée que “c’est ma fête”. La Saint Edouard. Bonne fête Doudou. Peut-être que mes parents vont m’écrire un mail, un autre trois jours plus tard pour me dire qu’ils savent bien que c’est pas toujours évident, mais qu’il faudrait donner signe de vie maintenant. Et ils alertent l’ambassade vers le 15 janvier au plus tard, si l’Iran ne l’a pas déjà fait, ce qui ne devrait pas être le cas.

Histoire que la fête soit complètement Happy Meal, après le petit déjeuner (boudé), on m’emmène retrouver Costaud et Grognon, devant mon miroir sans teint. Nouveau roulement de questions, le tout à l’écrit cette fois-ci. Ça commence fort avec Give me secret email, de Costaud, qui n’est décidément pas le plus à l’aise avec la langue de Shakespeare, mais qui compense avec d’indéniables compétences en martelage de table, comme il s’échine à nouveau à me le démontrer. Avant qu’il ne me fasse la démonstration que ces capacités de martelage peuvent s’appliquer à d’autres supports, je leur déballe toutes les adresses emails que j’ai jamais possédées depuis le forfait illimité AOL 56K, pour les nostalgiques.

Je retourne sur le terrain des iraniens que j’ai pu croiser durant mon périple. Ils s’en foutent un peu. Je m’inquiète pour mon passeport : ils l’ont. Bien. On me demande ce que j’ai fait ces dernières années. Là je deviens prolixe. Du bac à mon départ en voyage, j’entreprends de tout décrire. Un CV en plus long en fait. Le but, c’est de ne pas laisser une seule plage de quelques mois d’inactivité : j’ai pas fait mon CAP Espionnage, ou trouvé le temps de faire le stage du Mossad pour avoir mon Flocon ou ma Première Etoile, j’ai même pas tenté le BAFA. On ne m’interromps sur ce travail préparatoire à mon autobiographie que pour m’amener à manger. J’avale la barquette en un clin d’œil, tout en évoquant la confiance que j’ai dans la police à me blanchir d’une accusation d’espionnage, ce qui ne devrait pas être trop dur. Propos qui les laissent de marbre, bien sûr. On me demande si je veux me reposer. No way, je veux leur donner le maximum d’éléments d’enquête.

Après que je leur ai récité ma vie en long, large et en travers, ils reviennent sur le voyage. S’attardent sur mon étape israélienne, encore. Le Liban, le Hezbollah. Les kurdes. Date par date, ville par ville, hôtel après hôtel. L’Iran, puis ce que j’avais prévu par la suite. Je ne parle pas de mon blog, car il faudrait que je parle des vidéos, et de la carte SD que j’ai planqué. A priori tous ces souvenirs de voyages finiront entre leurs mains de toute façon. En relisant mon CV, Grognon me demande si je peux lui fournir les coordonnées de trois personnes pouvant confirmer mon passage dans ma dernière boîte : heaven, un nom qui sonne pas très hallal. Trop heureux d’obtempérer, je lui file les emails de trois ex-collègues, en me demandant comment les filtres anti-spams peuvent réagir à un mail “Bonjour, je suis la police iranienne, je détiens votre pote et j’aurais besoin que vous me donniez quelques infos…”. Mal, assurément. Heureusement qu’ils me font sans aucun doute encore marcher et qu’ils n’écriront à personne. En partant, yeux bandés, je fais une vanne, deux cabrioles et une grimace pour amuser la galerie. Grognon se marre (Costaud grogne, mais il faut pas trop lui en demander). Il me dit que je serais sans doute libre d’ici peu, encore. Je lui réponds que tous les flics que j’ai vu, depuis le premier moustachu à la circulation, m’ont affirmé la même chose.


Ce soir là, j’ai droit à une douche. Je souris sous l’eau chaude, je suis plutôt content de ce que j’ai écrit aujourd’hui. Je pense à ce qui va venir par la suite tandis qu’on me pousse dans le couloir, yeux bandés, toujours. Les zones d’ombres que j’ai laissé. Comment réagir lorsqu’ils parleront de mon blog (avec mon Facebook, mes mails, ils tomberont dessus de suite). Je songe aux prochains entretiens, tandis qu’on referme la lourde porte derrière moi, à comment me blanchir, comment me justifier…


Sans savoir que ce 5 janvier sera le dernier jour où je rencontrerais un représentant de l’autorité iranienne.

22 heures ?, extinction des feux.

Joyeuse fête, Edouard.



A suivre…



* La Maison Dorée de Sarmakand est un album d’Hugo Pratt où Corto Maltese traverse les naissants nationalismes qui bouleversent la Turquie et l’Iran pour délivrer Raspoutine d’une prison d’Asie Centrale, surnommée la Maison Dorée de Sarmakand.

Le blog N0c0mment, c’est par là : http://www.n0comment.fr/

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Mana Neyestani Une metamorphose iranienne Mana Neyestani a publié en 2011 « Une Métamorphose Iranienne » (Editions Ca et Là), où il raconte son séjour dans la même prison d’Evin. En 2006, son dessin d’un cafard utilisant un mot Azeri lui vaut trois mois de taule. Il connaîtra ensuite d’énormes difficultés, lors de sa fuite, pour trouver un pays d’accueil, la France lui accordant le statut de réfugié politique en 2010.

Allez en apprendre plus sur sa bande dessinée, et n’hésitez pas à vous la procurer ;).

21 Responses leave one →
  1. Sarah Véronique permalink
    avril 26, 2011

    Bon Doudou j’attends le livre maintenant. Et je déconne pas.

  2. Sylvain Miquel permalink
    avril 26, 2011

    J’attends la suite avec impatience aussi.

  3. Damien permalink
    avril 26, 2011

    Wahou quelle histoire ! Tu racontes ça très bien, on s’y croirait, c’est flippant quand même … Mais comment c’est passé ta sortie ? Est-ce qu’à ton réveil le matin du 6 janvier la porte de ta cellule était ouverte et un papillon mordoré s’est mis à voleter autour de toi avant de te guider vers l’extérieur où on te voit courir vers un horizon azur à travers l’encadrement d’une porte … Puis fondu au noir et fin ?!

  4. avril 27, 2011

    la suite !!!!!!

  5. avril 27, 2011

    C’est déjà un roman, rapport à la longueur… Je sais pas comment vous faites pour vous bouffer ça :)… Suite dans quelques jours !
    @Dam’s : ta talentueuse plume de journaliste répond à tes talents de cinéphile, as usual (ce qui me fait penser que je dois te recommander d’aller voir http://www.citizenpoulpe.com/, blog d’un pote qui analyse le 7ème Art avec un gros « flot »). La fin arrive, pour sûr, cette fois !

  6. Marion permalink
    avril 27, 2011

    La suite, la suite, la suite !!!!

  7. avril 27, 2011

    Salut Doudou , alors la tu as fait fort , un récit passionnant et j’attends la suite avec impatience. Sinon niveau prison y a pire effectivement , une connaissance a eu l’occasion de faire un tour dans une petite prison Bolivienne c’était pas fameux vu ce qu’il en a raconté (la castagne y étant un sport reconnu d’utilité publique ^^ ).

    PS: tu devrais le voir Midnight express , excellent film.

  8. avril 29, 2011

    Comment ça t’as pas encore vu Midnight Expresse? IMPOSSIBLE!
    Quoi qu’il en soit, ça fait des souvenirs ces aventures ;) c’est pour ça que tu es parti non?

  9. mai 1, 2011

    Bon bah la suite est online !
    (et je promets de voir Midnight Express :) )
    > Cédric : oui alors là, vraiment pas de pot, j’ai pas connu ça, heureusement. Comment a-t-il finit dans cette embrouille ??!?

  10. mai 1, 2011

    Bah il à été relaché au bout de quelques temps (je sai pas combien) et il a continué son voyage , mais bon je précise que lui a commis un délit , il avait volé un bout de pain pour manger , plus d’argent et pas de boulot (lui est parti faire son tour du monde sans argent donc imagine les galères pour trouver des petits boulots ça et la ^^).

    • août 30, 2013

      J’adore toute cette région mais pour ce genre de petits détails, je vais visiter les autres pays en attendant que ça se calme :)

      • septembre 3, 2013

        Ah certes, y a toujours un risque comme je l’explique à la fin de ces posts. Mais si tu es aguerri, et que tu n’as pas fait la connerie d’enfreindre la loi, ce pays superbe mérite le coup d’œil… Il convient juste d’être prudent, de contacter l’ambassade, d’être prudent et d’être prudent. Encore. Et aguerri.

  11. Rhea sylvia permalink
    juin 4, 2011

    « je fais connaissance avec l’instrument de torture number one de l’administration carcérale iranienne. J’ai nommé… la confiture de carotte »

    Ah bah alors là, pas besoin d’aller derriere les barreaux pour en gouter les joies !
    Hummm, un grand classique de la gastronomie iranienne !
    D’ailleurs, ca vaut toujours mieux, dans les temps de grandes famines et de desespoir, qu’un kababi (i.e pourri), qu’une bouteille de farsi cola remplie de dugh grumeleux ayant bouilli sur le rebord d’une fenetre depuis au moins trois semaines, qu’une succulente pizza au ketchup comme seuls les Iraniens savent les preparer… et j’en passe
    Moi j’aime bien la confiture de carotte. Pas de gout, pas de risque, c’est propre et hygienique ! En un mot, incontournable !

  12. Rhea sylvia permalink
    juin 4, 2011

    D’ailleurs, pour ceux qui seraient interesses :

    La confiture de carottes

    Ingrédients : – 5 grandes carottes / une demi-cuillère à soupe de cardamone moulu / une cuillère à soupe d’eau de rose /un demi-verre d’eau / une cuillère à soupe de jus de citron / 500 g de sucre. Préparation : 1- Lavez, épluchez et râpez les carottes. 2- Faites cuire les carottes à feu doux, dans un demi-verre d’eau, pendant une demi-heure sans rien y ajouter (jusqu’à ce que la couleur change). 3- Ajouter ensuite aux carottes, le sucre, le jus de citron, la cardamome et l’eau de rose. Laisser la préparation se raffermir pendant deux heures toujours sur un feu doux. 4- Verser la confiture de carotte dans des pots en verre ; la laisser refroidir et placer les pots au réfrigérateur.

    n.b : ca c’est quand on s’applique. Pour la version de base, communement rencontree dans la rue, a l’hotel, en prison… a mon avis c’est plutot 98% de gelee a confiture inodore, incolore, 1% de carrottes oranges ou jaunes (la celebre caraotte jaune iranienne) 1% de sucre et peut etre un peu de colorant.

    Recette tiree du site du comite d’Amitie Franco iranien

  13. juin 20, 2011

    Alors, loin de moi l’idée de dénigrer injustement la confiote de carotte, tant il est vrai que l’on ne peut guère lui reprocher quoi que ce soit sur son goût, si ce n’est sa relative absence. L’incongruité du lieu dans lequel je devais la découvrir m’a -je l’admets- quelque peu poussé à « broder » injustement sur les propriétés (dé)gustatives de ce met… qui au demeurant ne mérite sans doute pas le détour, mais je salue l’initiative de Rhéa qui vous permettra peut-être d’infirmer mon jugement par une recette-maison.
    Par contre, je ne peux pas rester les bras ballants face à l’attaque en règle dont le délicieux kebabi local fait l’objet : les amateurs de malbouffe dont je me targue d’être un éminent représentant y auront reconnu une préparation des plus fines, à base de lamelles de viandes animales (ayant sans doute connu une mort atroce dans un abattoir local, pour plus de goût) succuleusement baignées dans une préparation d’huile et de graisse animale, mijotées plusieurs semaines durant par un soleil de plomb, et parfois rehaussé de quelques insectes pris au piège de la graisseuse mixture. Un must-do… :)

    Merci pour ces clins d’œils ;)

  14. hadji hagop permalink
    juin 21, 2011

    chapeau !!!!

    je ne demande ni confiture de carottes , ni kebab faisandé , mais la suite , de ton histoire ,

    un vrai délice , du rab encore , encore et encore , !!!!

    la suite vite , la suite et bravo !!!

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